Un regard suffit : les Dos Santos, la pétanque en mode jumeaux

Le 07/07/2025 par Malick Ontala - Palabre, parle de vous


Un code à deux

À 12 ans, le père trace un cercle dans la cour ; les jumeaux apprennent l’adresse côte à côte. Vingt saisons plus tard, leur dialecte muet est resté intact. Samson hoche à peine la tête, Rémy ajuste sa boule ; la mène part immédiatement. Sur un sport chronophage en palabres, ce gain de temps devient leur première arme.

Décision éclair, stress évacué

« C’est un gros avantage », tranche Rémy. La connexion abrège les doutes : si l’un rate, l’autre rectifie sans s’excuser ; si la pression monte, un sourire suffit à relancer. Cette capsule mentale fermée à double tour empêche les nerfs adverses de s’infiltrer ; elle vaut un coach psychologique permanent.

Exigence fraternelle

Revers de la médaille : « On se pardonne moins ». Connaître le potentiel exact de son double fait monter la barre à chaque boule. Rien de toxique, mais une exigence — presque une provocation bienveillante — qui pousse chacun à livrer la version la plus précise de son jeu. Le résultat se voit dans les carrés d’honneur qu’ils fréquentent sans forcément collectionner les titres : constance avant palmarès.

Rôles dictés par le tempérament

Samson a toujours été « plus offensif » ; il tire. Rémy, plus posé, pointe. L’alignement caractère-fonction fluidifie la stratégie : pas besoin de convaincre l’autre, le rôle tombe sous le sens. Pourtant, la modularité existe : si Samson chauffe le point à l’échauffement, Rémy bascule au tir sans débat. Cette élasticité instantanée est un luxe rare à haut niveau.

Deux cerveaux, une vision

Leur plus-value réelle se cache moins dans la technique que dans la projection partagée. Avant chaque mène, ils voient le même plan de jeu, comme deux écrans calqués. L’adversaire doit donc battre non pas un joueur, mais une décision déjà validée à double vote. Sur des terrains où la marge se joue à un millimètre, posséder un partenaire dont la pensée arrive au même centième de seconde équivaut à commencer chaque partie une fraction de seconde plus tôt.



Samson DOS SANTOS



Rémy DOS SANTOS