Livron-sur-Drôme. Sous la chaleur de mai, Amandine et Émilie TANCHON bouclent leur barrage en synchronie parfaite : tir plein fer pour l’une, point millimétré pour l’autre. À peine sorties du cadre, elles l’avouent : « Être jumelles, c’est un gros avantage. »
Un code appris à deux
Leur langage naît à neuf ans, sur le terrain tracé par leur père : pas d’école de pétanque, « on a juste pratiqué, pratiqué ». Vingt saisons de parties communes ont gravé un discours non verbal : « Pas besoin de longues phrases pour se comprendre, ça va vite ». Un regard suffit pour fixer la tactique ; la mène suivante démarre pendant que la doublette adverse discute encore.
Communication éclair
En doublette, la machine roule presque sans mots. En triplette, elles branchent la troisième partenaire sur le même circuit : « J’ai besoin de savoir ce qu’elle ressent pour trouver une solution rapidement. » « Il faut dire les choses sans filtre », explique Émilie. Cette franchise instantanée réduit les temps morts et casse l’élan des adversaires.
Rôles interchangeables
Petites, Émilie pointait et Amandine tirait ; aujourd'hui, c’est l’inverse. Le basculement s’est fait « tout seul », confirment leurs parents. Résultat : deux joueuses capables d’échanger les postes dès qu’une mène l’exige – un luxe stratégique que peu d’équipes possèdent.
Anti-doute intégré
« On sera toujours l’une pour l’autre dans les moments difficiles », rappelle Amandine. Ce soutien réduit la pression : si l’une flanche, l’autre comble le vide sans qu’un mot ne trahisse la faille. Le mental, souvent juge final d’une partie serrée, devient ici un bouclier partagé.
Gagner : connexion ou talent ?
La paire concède qu’elle s’entraîne moins qu’avant, famille et travail obligent, mais la synergie compense : « On se challenge sans se prendre la tête ». Leur réussite tient donc à la fois à un niveau acquis par deux décennies de compétition et à ce temps de décision divisé par deux que leur gémellité offre.
Dans un sport dans lequel chaque décision, lancer et carreau comptent, c’est souvent la différence entre qualification et élimination.
Amandine (à gauche) et Emilie (à droite) TANCHON